Séance de yoga au-dessus d’un campement de migrants, le dimanche 5 juillet 2015 à la Cité de la Mode et du Design, quai d’Austerlitz à Paris. ©Philippe Rochot
Rien ne vous choque ? Voilà une belle image de mixité sociale, d’inclusion, de partage, de bienveillance… Je plaisante, bien sûr ! Cette photo a été prise en 2015 par Philippe Rochot et il en a expliqué les dessous dans un article de l’express1 : un cours de yoga juste au-dessus du campement de migrants, quai d’Austerlitz. Les réactions face à cette photo ont été parfois violentes, « dénonçant un scandale face à ce club qui fait du yoga au-dessus de la misère d’un campement ». Mais finalement ce qui est choquant ce n’est pas tant le fait que les gens pratiquent à côté d’un camp de migrants que le fait de ne pas les inviter à partager ce moment de bien-être et créer un moment d’échange.
Alors pourquoi cet article ? Reprenons du début avec un résumé non exhaustif de ce qu’est la situation d’un migrant, d’un réfugié, d’un demandeur d’asile. Pour commencer, un petit point de vocabulaire.
Il n’existe pas de définition internationalement reconnue du terme « migrant ». Ce terme désigne une personne contrainte de quitter son lieu de résidence pour différentes raisons. Lorsqu’elle arrive en France elle peut avoir différents statuts. Elle peut être considérée comme demandeuse d’asile, comme réfugiée ou ne pas avoir de statut et n’être protégée par aucun cadre légal.
Un demandeur d’asile est une personne qui sollicite une protection internationale hors des frontières de son pays, mais qui n’a pas encore été reconnue comme réfugié2. Voici la définition donnée par Amnesty international. Dans les faits, ces personnes viennent d’Afghanistan, d’Albanie, de Guinée… Ils arrivent en France, la plupart du temps en ayant parcouru différents pays et ayant subi de nombreuses violences psychologiques et physiques. Il existe une seule façon de demander l’asile en arrivant en France : appeler le numéro unique (le numéro de l’OFII, 01 42 500 900), numéro payant Certains appellent tous les jours pendant un mois avant d’avoir enfin quelqu’un au bout du fil. S’en suit des rendez-vous (OFII, OFPRA…), des entretiens pour bien vérifier la cohérence des récits, et de l’attente, beaucoup d’attente. Et pendant ce temps, pour la majorité des hommes, quelques familles et mineurs, la vie se poursuit dans des camps sauvages avec des conditions d’hygiène déplorables. Mais ce que l’on perçoit surtout c’est la solitude. Cette photo de Philippe Rochot en fait aussi état.
En France en 2018, il y a eu 123 000 dépôts de demandes d’asile, et seulement 27% ont abouti3. Le statut de réfugié donne un droit de séjour sur le territoire français (4 ans ou 10 ans) et d’autres droits accordés aux Français. Une fois le statut de réfugié obtenu, il faut reprendre ses études, apprendre le français, trouver un travail, trouver un logement, etc. ; le parcours du combattant n’est pas terminé.
Heureusement, Il y a un réseau associatif très riche en France et des bénévoles qui œuvrent au quotidien à travers différentes formes d’aide. On retrouve pour n’en citer que quelques-uns : des médecins (MSF4, Comede5), des avocats (CIMADE6), et des personnes qui donnent de leur temps pour prendre en charge les distributions alimentaires (L’armée du Salut7), pour les accompagner dans leurs démarches (Utopia568), pour leur proposer des activités culturelles ou sportives (Kabubu9). En parallèle, au-delà des démarches administratives, ils ont besoin d’échange et de se sentir accueillis. C’est sur cet aspect que Nour souhaite apporter sa contribution : créer un espace dans lequel tout le monde se retrouve sur un pied d’égalité : de simples yogis, pratiquant tous ensemble.
Nous avons aussi conscience que le bénévolat est un investissement important et que lorsque l’on a un travail, une famille, des enfants, il est difficile de trouver du temps pour participer à l’effort collectif. Dans ce contexte, quoi de mieux qu’un cours de yoga qui permet de se faire du bien et de participer aussi à créer un mouvement d’entraide, de bienveillance. Prendre un cours avec Nour permet d’offrir un cours à une personne en situation d’exil et de créer du lien en pratiquant tous ensemble. Et si vous nous aidiez à prendre une nouvelle photo ?
https://www.lexpress.fr/actualite/societe/ma-photo-de-yoga-pres-des-migrants-ils-ne-sont-pas-indifferents-les-uns-aux-autres_1697593.html / https://www.amnesty.fr/focus/droit-asile / https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/03/20/combien-y-a-t-il-d-immigrants-et-de-demandeurs-d-asile-en-france-et-en-europe_5438852_4355770.html / https://www.msf.fr/https://www.comede.org/https://www.lacimade.org/regions/ile-de-france/ https://www.armeedusalut.fr/http://www.utopia56.com/frhttps://www.facebook.com/kabubu.org/