Lors d’une étude menée en 2009 à Dehli, en Inde, des chercheurs ont révélé que l’hypertension est un problème répandu au sein de la population. Ce sont les personnes migrantes nouvellement arrivées qui sont les plus touchées, notamment du fait de parcours de vie chargés, qui induisent une charge de stress et de fatigue supérieure aux populations locales ou migrantes durablement ancrées dans la société d’accueil.
Pourtant, l’hypertension n’est souvent pas prise au sérieux en tant que pathologie pouvant entraîner des problèmes de santé plus graves. En l’occurrence, peu sont les personnes interrogées qui considèrent pouvoir prévenir et traiter l’hypertension grâce à des méthodes non médicamenteuses, telles qu’un changement dans leurs habitudes alimentaires ou la pratique d’une activité sportive régulière.
Tandis que près de 50% des échantillons de personnes s’accordent sur la nécessité de réduire les facteurs de tensions et de colère, la barre passe en-dessous des 10% à la mention du yoga comme mesure préventive et en-dessous des 5% pour les migrant.e.s, qui n’en ont qu’une connaissance limitée ou estiment avoir une activité physique suffisante.
Pourtant la science reconnaît de plus en plus les bénéfices du yoga sur la santé des corps mais aussi des esprits et en recommande la pratique. Dans un article, la Harvard Health Publishing énonce des bénéfices d’abord physiques : le yoga permet le renforcement musculaire et une meilleure souplesse.
Dans le même temps, les exercices amènent à un travail sur l’esprit, qui apportent calme et relaxation jusqu’en dehors du temps des cours, permettant une forme de bien-être et une approche plus paisible face aux divers éléments de la vie quotidienne en réduisant le stress et l’anxiété.
Dès lors, le yoga apparaît comme une discipline complète qui se développe de plus en plus dans le reste du monde. Si elle demeure une pratique plutôt élitiste, ses bienfaits sont aussi mis à profit, par le biais de programmes et d’associations, pour aider à dépasser les traumatismes. C’est le cas notamment du « yoga for peace program », mis en place aux États-Unis et visant un public militaire et vétéran, mais des initiatives innovantes tendent à donner accès à cet outil à des groupes de personnes défavorisées et/ou en situation d’Exil.
L’association Nour s’inscrit dans cette démarche de solidarité par un projet d’inclusion sociale par une pratique du yoga mixte, ouverte à tou.te.s. Dans cette visée d’accessibilité du yoga, les participants qui le peuvent financent les cours aux personnes en situation de précarité et d’Exil. Le yoga se transforme en un vecteur de diversité sociale, culturelle et générationnelle.
Porter le yoga aux populations exilées et migrantes dans le monde se présente aussi dans une visée plus humanitaire : Sandy Boutros, créatrice de Koun, se rend de manière hebdomadaire dans des camps de réfugiés à la frontière entre le Liban et la Syrie pour donner des cours aux personnes qui y vivent, dans des conditions toujours difficiles, souvent d’insalubrité, de promiscuité et d’insécurité.
La professeur de yoga témoigne de l’intérêt des enfants pour ces cours, qu’ils attendent avec impatience et dans lesquels ils apprennent à canaliser leur énergie et se focaliser sur leurs ressentis. Pour les femmes du camp, les effets relaxants se sont aussi fait ressentir rapidement : elles se sont senties plus productives et moins anxieuses et inquiètes pour leurs enfants.
Parmi d’autres témoignages, le yoga apparaît aux élèves comme une manière de prendre soin de soi, de se retrouver et d’améliorer sa confiance en soi par la redécouverte et l’acceptation de son corps. Sur le plan physique, les effets se sont aussi fait ressentir rapidement : plus de flexibilité, moins de douleurs.
Ainsi, grâce à des initiatives comme Koun ou Nour, les personnes en situation d’Exil et/ou de précarité peuvent avoir accès au yoga, particulièrement bénéfique pour aider ces populations et les accompagner vers un mieux-être.
Le yoga va bien au-delà de simples exercices de méditation : c’est une pratique complète de travail du corps et de l’esprit.
Nous croyons que toute personne devrait pouvoir accéder au yoga, indépendamment de toute considération de genre, d’origine culturelle ou sociale, et qu’au-delà des bienfaits individuels, ils sont aussi collectifs : le yoga est un vecteur puissant de mixité.
Yadlapalli Sriparvati Kusuma, Sanjeev Kumar Gupta, Chandrakant Sambaji Pandav, Knowledge and perceptions about hypertension among neo- and settled-migrants in Delhi, India, CVD Prevention and Control, Volume 4, Issue 2, 2009, Pages 119-129. URL: https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1875457008000788
Yoga – Benefits Beyond the Mat, February, 2015 Harvard Health Publishing URL: Yoga – Benefits Beyond the Mat – Harvard Health